solastalgia.

Solastalgie : néologisme construit à partir du mot anglais « solace » dérivé du latin « solacium » signifiant « réconfort » et du suffixe « algie », emprunté à « nostalgie », se traduisant par « douleur ».

Formé en 2003 par le philosophe australien Glenn Albrecht, le concept qualifie le sentiment de détresse ou de désolation ressenti face à la dégradation de son environnement naturel quotidien. La solastalgie se caractérise par la douleur de voir disparaitre son chez-soi, de ne plus reconnaitre à sa propre fenêtre le dehors qui nous procure du réconfort. Le philosophe français Baptiste Morizot élargit le concept à notre « condition vivante » face aux métamorphoses environnementales. L’humain éphémère est désormais plus stable que son milieu. La solastalgie devient ainsi « un mal du pays sans exil ».

Canicules, artificialisation des sols, incendies, déforestation, biodiversité en péril, etc., l’être humain, par ses actes et les conséquences de ses actes, transforme de manière irrévocable les paysages naturels qui nous entourent et altère la santé de notre planète. Face à cette destruction, nos réactions sont multiples : angoisse, impuissance, déni, colère, tristesse, culpabilité, etc. Ce sont ces émotions qui ont constitué le point de départ de cette série, le surgissement de l’incertitude et le besoin de remettre en question les valeurs qui m’ont forgé. Plutôt que de clamer un discours alarmiste et désenchanté, j’ai choisi de développer la dimension émotionnelle et intime de ma prise de conscience.

Mon exploration de la solastalgie cherche à répondre à la question formulée par Baptiste Morizot : comment vivre dans un monde abimé, c’est-à-dire en exil chez soi, et donner sens et forme à notre détresse ? J’ai choisi ici de mettre en parallèle deux échelles de sensation. Dans la première, j’interroge à travers la déambulation imaginaire d’une femme et d’un homme dans le monde de demain les différents états traversés (-algie) lors de ma prise de conscience. Le choix du noir et blanc renvoie à l’irréel, qu’il s’agisse de la pensée ou d’un futur incertain. À ces émotions, je mêle des clichés en couleur qui m’évoquent le réconfort (solace) d’un environnement naturel et connu du quotidien menacé de disparition.

prise de conscience

colère

anxiété

tristesse

dépression

culpabilité

deuil

impuissance

déni

indécision

fuite

réconfort (solace)

espoir

Sources:

G. Albrecht, Earth Emotions : New Words for a new World, Cornell University Press, 2019
B. Morizot, Ce mal du pays sans exil. Les affects du mauvais temps qui vient, Revue Critique, 2019